& les Chroniques
 Express
La Machine
"Contrôle Total"

"Contrôle Total"
DATES | Sorti le 25/04/2025 | Publié le lundi  9 juin 2025
ET ALORS | "Contrôle Total", le premier album de La Machine, s'écoute comme le best of des deux années passées. Deux années au cours desquelles le duo nous a surpris à la sortie de chacun de ses EPs : tout d'abord par le choix de ses reprises, affichant de manière subtilement provocatrice un goût prononcé pour la variété, majoritairement française (Dani, Jacno, Michel Sardou), le second degré comme fil rouge, réhabilitant au passage le tube planétaire "Vamos A La Playa", lui rendant son sens premier et globalement incompris. Ensuite, par les thèmes abordés dans ses propres compositions, à travers lesquelles, un sourire toujours en coin, La Machine joue à nous faire peur, se nourrissant goulument de nos travers humains ataviques, exacerbés en ce début de vingt-et-unième siècle. On se délecte de ces paroles en français à l'humour évidemment cynique et décalé, de ce chant suffisamment éloigné des projets respectifs des protagonistes pour donner une voix nouvelle à cette machine punitive. Le virus de la Covid-19, dont s'inspire "F.F.P.2" est passé par là, et d'autres suivront nous dit-on. Dès lors, La Machine anticipe les prochains cataclysmes sur fond d’une électro vintage minimale de premier choix, synthés d'origine de rigueur, et pas si froide que cela, en nous avertissant que si nous méritons l'anéantissement, La Machine en sera sa Némésis. Un disque véritablement addictif !

Daniel Avery
"Ultra Truth"

"Ultra Truth"
DATES | Sorti le 4 novembre 2022 | Publié le mercredi  7 décembre 2022
ET ALORS | Il y a d’abord cette pochette traitée au noir absolu au milieu de laquelle apparaît une forme fluide, un visage pas tout à fait humain ni vraiment de chair : une apparition ? Un champ de force ? Car "Ultra Truth", le sixième album solo de Daniel Avery pulse et rayonne, empilant les couches sonores comme s’il s’agissait d’une matière dense dont le producteur britannique pourrait modifier à sa guise jusqu’à la structure moléculaire. Une introduction au piano passée à la moulinette, des déflagrations de matière noire sur "Devotion", "Higher" ou "Chaos Energy" que vient contrebalancer la grâce de "Spider" et de "Collapsing Sky"; tout dans "Ultra Truth" est question d’équilibre, de respiration, de pause puis de libération d’énergie brute. Aucun détail n’est laissé au hasard dans ce disque où le centre de gravité oscille en permanence entre ritournelles entêtantes ("Lone Swordsman", "Ultra Truth") et hymnes en accords mineurs ("Wall Of Sleep", "Lone Swordsmen"). Avec "Ultra Truth", Daniel Avery nous offre sa plus belle réalisation à ce jour, prolongeant les ambiances de "Together In Static" qui nous avait beaucoup impressionnés l’année dernière, et repousse toutes les limites de la musique électronique avec un disque intense à ne surtout pas manquer.

Flint Glass
"Azathoth"

"Azathoth"
DATES | Sorti le 21 juin 2022 | Publié le jeudi  8 septembre 2022
ET ALORS | Second volet de la trilogie que Flint Glass consacre à l’oeuvre d’H.P. Lovecraft, "Azathoth" a digéré toutes les collaborations dark ambient qu'a menées Gwenn Trémorin depuis la sortie du premier volume, "Nyarlathotep", en 2006. Écouter ce nouveau disque cent pour cent Flint Glass, le premier depuis seize ans, c’est décider de quitter notre monde pour un autre, aux contours flous, drapé dans une dark ambient brumeuse, pénétrante et habitée, dans laquelle l’auditeur avance à la lumière pâle de sa frontale, sans oser plisser les yeux afin d'éviter une mise au point qu'il pourrait regretter amèrement. C'est aussi une électronica ultra dark aux rythmiques savantes et tout en finesse que distille "Azathoth", où le travail sur le son reste époustouflant tout au long de ces huit titres riches de minutieux détails qui rendent compte d'un bestiaire venu d’un univers parallèle et effrayant, imaginé par l'écrivain américain au siècle dernier, et que complète à merveille celui, sonore, du musicien français. Face à une telle justesse de complémentarité, on s’interroge : et si Flint Glass venait de réaliser la collaboration la plus ultime qui soit, celle qui réunirait deux artistes qu'un siècle sépare mais que l’imaginaire rapproche indéniablement ?

Bank Myna
"Volaverunt"

"Volaverunt"
par Bertrand Hamonou
DATES | Sorti le 25 février 2022 | Publié le jeudi  7 avril 2022
ET ALORS | Un album qui paraît simultanément sur cinq labels différents, en voilà situation inédite et réservée à "Volaverunt", le premier album de la formation française Bank Myna, dont le nom est celui, en anglais, d’un oiseau : le Martin des berges. Dès lors, il n’est pas étonnant de découvrir un chant féminin et franchement assuré, qui s’élève gracieusement au dessus des déchaînements orchestrés de "Volaverunt", sur ce post-rock tour à tour expérimental, sacré puis mécanique. Mystérieuse et puissante, la musique de Bank Myna possède un avantage irrésistible : cette voix dont l’apparente fragilité rivalise avec la pression de ce monolithe de cinq titres enchaînés qui composent un disque fascinant, encadré par l’interventions de cloches qui sonnent au début et à la fin, suggérant le passage d’un rite initiatique. Les intonations et le timbre de Maud Harribey font penser ici ou là à ceux de Lisa Gerrard, entrainés par une basse qui laboure tout sur son passage. Mariant avec audace dream pop, drone et post-rock expérimental, "Volaverunt" se révèle être un disque mystérieux et vraiment à part, d’une élégance et d’une puissance rares, pour lequel il fallait bien les efforts conjugués de cinq labels pour briller dans toute sa splendeur.

Coldbones
"The Cataclysm"

"The Cataclysm"
DATES | Sorti le 17 avril 2020 | Publié le mercredi 29 juillet 2020
ET ALORS | Nous avions découvert Coldbones en 2018 avec "Where it all Began", un premier album que la paresse nous aurait dicté de classer sans suite sous la vaste bannière du post-rock. Seulement voilà, les compositions de ces jeunes gens sont plus à rapprocher de celles des Américains de Pray For Sound que de celles de Mono ou Sigur Rós, et méritent beaucoup plus d’attention qu’un rapide avis expédié. Le fait est que ces trois-là connaissent bien leur affaire : ils ont su trouver un son, voire une formule propre, dopée à l’énergie brute que "The Cataclysm" a su capter avec emphase en studio. Guidées par une batterie qui frappe sans relâche et s’approprie légitimement le premier plan, les guitares hurlent et envahissent l’espace disponible que l’absence de chant libère. Il en résulte un rock instrumental beau, puissant et vigoureux, avec de vraies belles intros qui glissent doucement vers des constructions complexes, dans lesquelles les guitares montent crescendo jusqu’à l’explosion finale, jusqu’au cataclysme. Une réussite totale.

Sex Swing
"Type II"

"Type II"
DATES |  | Publié le lundi  1 juin 2020
ET ALORS | Après un EP six titres paru fin 2016 dont nous ne ouîmes aucun écho, Sex Swing vient de sortir son premier album (sept titres, on change de catégorie), "Type II", et quel album ! Celui-ci est à l'image de la pochette et de la vidéo du single "The Passover" : malsain, morbide, avec tous les ingrédients propres à ravir tout ce que la musique compte de teigneux et de frustrés de tous âges. On pense aux Swans ou aux premiers Coil par le côté possédé, hypnotique et lancinant de la musique, ou plus près de nous à Pop. 1280 ou The Skull Defekts pour la hargne et la violence latente qui se dégagent de l'ensemble. Si vous aimez les saxos hurleurs, les synthés glacials, les basses énormes, les guitares tranchantes et le chant d'outre-tombe, vous serez ravis. Sex Swing vient d'Angleterre et deux de leurs quatre membres ont survécu l'un à un accident d'avion, l'autre à la foudre, c'est dire s'ils sont inspirés.

VAR
"The Never-Ending Year"

"The Never-Ending Year"
DATES | Sorti le 24 avril 2020 | Publié le mardi 26 mai 2020
ET ALORS | Ayons l’honnêteté de l’écrire : même si le groupe islandais VAR s’est formé en 2014, nous le découvrons seulement aujourd’hui lors de la sortie de son troisième album qui ne quitte plus notre iPod. Bien sûr, la comparaison avec Sigur Ros est évidente à bien des égards : de par l’origine géographique du groupe tout d’abord, ainsi que par le timbre et le chant de Julius Ottar Björgvinsson, très proches de ceux de Jonsi. Mais il y a surtout ici une mélancolie belle et sincère, touchante de vérité, qui mêlée aux expérimentations des huit chansons plus indie que post-rock qui composent "The Never-ending Year", se trouve sublimée par ces guitares délicates (parfois) au son gros comme ça (souvent). Le motif répétitif au piano de "Drowning", le jeu de batterie spectaculaire de "Highlands", les nappes de synthés sobres là où elles sont absolument nécessaires, habillent d’un voile solennel des compositions plus complexes qu’il n’y paraît, et proposent en somme une poésie à fleur de peau de très grande facture dont on ne peut se défaire. A découvrir de toute urgence.

Manon Meurt
"MMXVIII"

"MMXVIII"
DATES | Sorti le 12 octobre 2018 | Publié le mercredi 10 avril 2019
ET ALORS | Qu’est-ce qui a pu pousser un groupe formé en République Tchèque à choisir de s’appeler Manon Meurt ? Nous avons préféré ne pas lever le mystère qui participe à la gravité et à la solennité de ces compositions qui nous renvoient aux Sundays, My Bloody Valentine et Slowdive, et au chant fragile et plus contemporain de Daughter. Ces chansons, d’une beauté et d'une clarté apaisantes, trouvent le juste équilibre entre une voix féminine gracieuce et des guitares qui hurlent comme des sirènes, empruntant tout aussi bien au post-rock qu'au shoegaze. Un chant que le poids des mots semble oppresser, jusqu'à ce que le souffle de cette voix unique les oblige à s'envoler lentement au rythme d'une batterie qui, patiente, frappe à l'économie, à l'instar de celle des Red House Painters. Le disque est à peine terminé que l’on sait au fond qu'il nous accompagnera sans l'ombre d'un doute encore longtemps.

Be Forest
"Knocturne"

"Knocturne"
DATES | Sorti le 8 février 2019 | Publié le lundi  1 avril 2019
ET ALORS | Vous souvenez-vous de cette époque bénie où l'indie rock à tendance shoegaze parvenue d'Angleterre produisait chaque semaine un nouveau disque que nous adoptions immédiatement ? C'était l'ère où les Chapterhouse, The Sundays et autres Slowdive se succédaient chacun à leur tour pour nous fournir notre "content" à longueur d'année. Les Italiens de Be Forest auraient pu être de ceux-là s'ils avaient existé au début des 90s. Avec leurs guitares aux gimmicks économes qui permettent de compter les notes jouées, leur lourde basse contrebalançant ce chant féminin céleste et murmuré, le trio réussit une perfection shoegaze/dream pop avec ce troisième album. Les neuf titres de "Knocturne" s’écoutent et se réécoutent à l’envi, emmenés par une rythmique tambourinée et obsédante, et l’on vous conseille de ne surtout pas passer à côté d’une telle perle.

The Blinders
"Columbia"

"Columbia"
DATES | Sorti le 1e février 2019 | Publié le lundi 18 février 2019
POURQUOI | Tension
ET ALORS | Sorti dans son pays d'origine, la Grande-Bretagne, fin septembre, "Columbia", le premier album des Blinders -déjà une sensation outre-Manche- n'est disponible en France que depuis quelques jours. Et on s'en réjouit, parce que la scène anglaise actuelle s'avère réellement excitante ces temps-ci. Et même si le maquillage du chanteur (voir la pochette) n'impressionne guère les vieux briscards que nous sommes, force est de constater que ces gars-là balancent un gros son blues-rock tordu à la Birthday Party que l'on n'avait plus guère l'habitude d'entendre en dehors des soirées en maison de retraite pour vieux gothiques. Pas loin de Shame ou des Idles pour l'énergie et la hargne, "Columbia" se pose-là, viril, entêtant, obsédant, brutal, fier, mais aussi écorché vif avec le bouleversant "Orbit" qui clôt ce putain d'album qu'on n'a pas fini d'user, encore et encore.

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